Dans un article publié discrètement sur son site Internet début décembre, l’Église mormone a désavoué officiellement ses« théories soutenues par le passé » sur la question raciale.
L’Église mormone vient de désavouer officiellement « les théories soutenues par le passé », selon lesquelles « la peau noire est le signe d’une disgrâce divine ou d’une malédiction, ou que cela reflète des actes (accomplis) dans la vie pré-terrestre/pré-mortelle ». Publié en catimini début décembre sur son site Internet en anglais, un article sur « Les Noirs et la prêtrise » retrace l’évolution du mormonisme sur la question raciale. « Avec le temps, les responsables d’Église et ses membres ont avancé beaucoup de théories pour expliquer les restrictions dans l’accès à la prêtrise et au temple. Aucune de ces explications n’est acceptée aujourd’hui comme doctrine officielle de l’Église », peut-on lire. L’Église mormone réfute aussi que « les mariages interraciaux sont un péché ou que les Noirs ou des peuples d’autres ethnies sont inférieurs à qui que ce soit ».
UNE EGLISE LONGTEMPS ACCUSÉE DE RACISME ANTI-NOIRS
L’Église mormone a longtemps été accusée de racisme anti-Noirs. Si son fondateur, Joseph Smith (1805-1844), s’était prononcé contre l’esclavagisme et avait ordonné prêtres des Afro-Américains, tel le missionnaire mormon Elijah Abel, la position de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours change en 1852, sous la présidence de son deuxième prophète historique (responsable religieux), Brigham Young : pour lui, les Noirs sont des descendants de Caïn et, en tant que tels, ils font l’objet d’une malédiction – dont la couleur de peau est un signe (1) ; aussi ne peuvent-ils avoir accès à la prêtrise ni à certains rituels, « avant que les autres descendants d’Adam n’aient reçu les promesses et se soient réjouis des bénédictions de la prêtrise » (Journal of Discourses).
Pour les mêmes raisons, le métissage est sévèrement condamné. Ce qui va susciter de nombreuses critiques au XXe siècle, en particulier au sein du Mouvement des droits civiques aux États-Unis.
C’est finalement en 1978 que l’Église mormone, qui attire malgré tout de plus en plus d’Africains et de Sud-Américains parmi ses membres, est revenue sur cette exclusion, invoquant une « révélation » pour justifier ce changement de politique. Depuis, elle avait condamné toute forme de racisme et publié une nouvelle édition corrigée de ses textes religieux, sans toutefois réfuter explicitement les fondements de sa théologie raciste. Lire la suite ICI.