Après huit années passées dans le coma, Ariel Sharon est décédé samedi. Qui était ce fils d'immigrants russes devenu Premier ministre israélien ?
Le Lion du désert, le Bulldozer, Arik, roi d'Israël, les surnoms n'ont pas manqué à Ariel Sharon, reflet de son extrême popularité ou du rejet qu'il a inspiré à certains. De fait, le destin de ce fils d'immigrants d'origine russe, Shmuel et Vera Schneiderman, s'est confondu avec l'histoire d'Israël, toujours entre mépris et adulation. Né le 26 février 1928 à Kfar Malal, un village coopératif de la Palestine mandataire où ses parents ont une ferme, Ariel est un enfant solitaire, ombrageux et déjà rebelle. Chez les Schneiderman, l'ambiance est aussi rude que les conditions de vie. On reçoit peu et on se méfie de tout le monde, à commencer par "les Arabes". "Ne leur fais jamais confiance", lui répète inlassablement sa mère.
À 14 ans, après avoir menti sur son âge, il rejoint les rangs de la Haganah, la milice juive travailliste créée avant même Israël. C'est son premier contact avec la chose militaire, et leur idylle va durer vingt-cinq ans. Il y a d'abord la guerre d'indépendance de 1948 au cours de laquelle, à force d'audace et de courage physique - il sera grièvement blessé -, il écrit les premiers chapitres de sa légende. Celle d'un stratège indiscipliné.
Bavure sanglante et promotions
La hiérarchie n'aime pas trop, mais lui donne pourtant du galon. Dans les années cinquante, il commande l'unité 101, spécialisée dans les opérations de représailles qui tournent parfois à la bavure sanglante. Comme à Qibya, en Cisjordanie où, en octobre 1953, 69 victimes arabes, essentiellement des femmes et des enfants, sont extraites des décombres de leurs maisons dynamitées par les soldats.
Viendront ensuite la campagne de Suez, en 1956, et la guerre des Six Jours, onze ans plus tard. Toujours cabochard, il quitte l'armée en raison d'un désaccord avec l'état-major, mais reprend l'uniforme lors de la guerre d'octobre 1973, au terme de laquelle il fait figure de sauveur de la patrie. À la tête de sa division de chars, il franchit le canal de Suez, permettant ainsi à Tsahal d'encercler et d'isoler la troisième armée égyptienne. Démobilisé, Ariel Sharon se retire aux Sycomores, son ranch du Néguev.
Une retraite de courte durée. L'arrivée au pouvoir, en 1977, de Menahem Begin lui donne l'occasion de se lancer en politique et de mettre en oeuvre le développement de la colonisation en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Ministre de l'Agriculture puis de l'Habitat en moins de vingt ans, il multiplie par deux le nombre de colons installés dans les territoires palestiniens. Lire la suite ICI.