Plus de 300.000 juifs ultraorthodoxes se sont rassemblés dimanche après-midi à l'entrée de Jérusalem pour dénoncer un projet de réforme de la conscription qui doit être débattu d'ici à fin mars à la Knesset.
Le texte, défendu par le parti centriste Yesh Atid, prévoit de mettre un terme à l'exemption de service militaire dont bénéficient les élèves des écoles talmudiques (yeshivot). Plus de 3500 policiers ont été mobilisés pour encadrer la manifestation, que ses organisateurs ont présentée comme l'une des plus importantes jamais organisées dans le pays.
Le projet de loi «pour un partage équitable du fardeau» vise à corriger une exception perçue comme fondamentalement injuste par une partie de la société israélienne. Lors de la création de l'État hébreu, en 1948, David Ben Gourion avait accepté que les jeunes ultraorthodoxes soient dispensés de servir sous les drapeaux afin de pouvoir poursuivre leurs études. Un privilège jugé sans grande conséquence en un temps où les communautés haredim (littéralement «craignant Dieu») semblaient vouées à se fondre dans la modernité - mais que beaucoup rejettent aujourd'hui en soulignant que le monde ultraorthodoxe regroupe 10% de la population juive d'Israël (soit 800.000 personnes environ).
Un quota de 5200 jeunes ultraorthodoxes
Fruit d'intenses tractations, le texte définit un quota de 5200 jeunes ultraorthodoxes qui, chaque année, devront à l'avenir effectuer leur service militaire. Si ce seuil n'est pas atteint en 2017 sur la base du volontariat, chaque haredim âgé de 18 ans sera contraint de se présenter au centre de recrutement afin que l'armée procède à une sélection. Seuls 1800 étudiants distingués pour leurs «qualités spirituelles» continueront à bénéficier d'une exemption. Les récalcitrants encourront, en théorie du moins, une peine d'emprisonnement.
C'est inacceptable», s'exclame Elie, costume noir, chemise blanche et borsalino, venu de la colonie de Betar Illiyt pour dénoncer ce qu'il décrit comme une atteinte à la liberté religieuse. «On veut mettre des Juifs en prison parce qu'ils ont choisi d'étudier la Torah mais nous ne nous laisserons pas faire, ajoute ce père de huit enfants. Nous savons très bien que les partisans de cette loi veulent organiser un grand melting-pot pour tout le monde. Mais nous n'avons pas survécu à l'Holocauste pour nous laisser diluer dans une société dont nous ne partageons pas les valeurs. Plutôt la guerre civile que la résignation!»
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