Médecin catholique en Belgique, où l'euthanasie a été légalisée il y a douze ans, Corinne van Oost explique pourquoi elle accepte de pratiquer cet acte.
Après avoir pratiqué pour la première fois un acte d'euthanasie, Corinne van Oost a prié. Et beaucoup pleuré. C'était en 1995, pour Albertine, une patiente atteinte de sclérose latérale amyotrophique, une maladie neurodégénérative contre laquelle il n'existe aucun traitement et qui provoque une paralysie progressive des muscles. Albertine était "la première qui m'a obligée à confronter mes principes à la vie", écrit celle qui signe le livre-témoignage, Médecin catholique, pourquoi je pratique l'euthanasie.
"J'ai beaucoup espéré qu'Albertine meure naturellement. Mais était-ce humain de tabler là-dessus ? J'avais tout fait pour alléger sa souffrance, mais cela ne suffisait manifestement pas. Qui étais-je pour lui refuser la mort ?" s'interroge-t-elle. Pour elle, Corinne van Oost a transgressé un double interdit, l'un dicté par sa foi, l'autre par la loi puisque la Belgique, où elle exerce, n'a dépénalisé l'euthanasie qu'en 2002. "Je ne me suis jamais sentie condamnée par Dieu ni par mes collègues, assure-t-elle.
"Écouter la supplique d'autrui"
Formée à la fin des années 1980 à la maison médicale Jean-Garnier à Paris, Corinne van Oost est une chrétienne engagée et une ardente militante des soins palliatifs, qui permettent " la plupart du temps, lorsque la souffrance physique et morale du patient est prise en charge correctement, d'annuler la demande d'euthanasie". Mais quand la médecine échoue, " il faut savoir écouter ce désir de mourir, l'écouter en prenant au sérieux l'hypothèse de donner la mort", admet-elle.
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