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Israël, 70 ans d’histoire et de tumultes

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Soixante-dix ans après sa création le 14 mai 1948, Israël est bien différent de l’État rêvé par les pionniers qui l’ont créé. Retour en dix dates sur cette tumultueuse histoire.

Tout ne s’est pas joué le 14 mai 1948. Mais ce jour-là, l’histoire a pris un cours nouveau. En ­déclarant l’indépendance, David Ben ­Gourion et les pères fondateurs d’Israël concrétisaient un État dont les fondements avaient été jetés durant les cinquante années précédentes.

Depuis la fin du XIXe siècle, des dizaines de milliers de juifs s’étaient déjà installées en Palestine, où des kibboutz avaient été construits en nombre et des institutions politiques et militaires créées. Une situation de fait que la proclamation de l’indépendance allait entériner.

Pour Israël, ces débuts ont souvent pris la forme d’une aventure, parfois même d’une épopée. À partir de 1947, ils se sont soldés par l’exil vers les pays voisins pour plus de 700 000 Palestiniens. Avènement pour les uns, nakba (« catastrophe ») pour les autres : rarement l’histoire a suscité des lectures à ce point contraires.

C’est pourquoi, pour faire le récit des soixante-dix ans d’Israël, La Croix a choisi de solliciter des spécialistes de toutes sensibilités. L’exhaustivité étant impossible, dix dates marquantes ont été revisitées. Les unes sont incontournables, les autres pourront paraître plus anecdotiques. Elles n’en sont pas moins révélatrices des évolutions et du chemin parcouru.

1948  : l’indépendance et la guerre

Musée de Tel-Aviv, boulevard Rothschild, le 14 mai. Le mandat britannique sur la Palestine doit expirer à minuit quand, vers 16 heures, David Ben Gourion prononce la déclaration d’indépendance d’Israël. Au mur, un portrait de Theodor Herzl, le journaliste autrichien qui, en 1896, avait envisagé la formation d’un État juif comme solution à l’exil et à la persécution.

« Nous proclamons la ­fondation de l’État juif dans le pays ­d’Israël, qui portera le nom d’État ­d’Israël », déclame le futur premier ministre. Et d’énumérer les règles intangibles du pays naissant : « Principes de liberté, de justice et de paix enseignés par les prophètes d’Israël » ou encore « complète égalité de droits sociaux et politiques », « sans distinction de croyance, de race ou de sexe ».

Dieu figure à la fin du texte, évoqué par l’expression « Tzour Israël » (« rocher d’Israël »), préférée à une mention explicite. « Israël devait être un État juif mais pas un État religieux, explique l’historienne Dina Porat, professeure à l’université de ­Tel-Aviv. Ainsi, David Ben Gourion ne voulait pas de mention de Dieu. » Mais tous ne l’entendaient pas ainsi : « Il y a donc eu un compromis pour une référence indirecte. »

Un indice de la subtilité de la place que, dès l’origine, la religion occupe dans l’État juif. « David Ben Gourion était un pragmatique, y compris dans son attitude avec la religion, analyse l’historien Shlomo Sand, professeur à l’université de Tel-Aviv. Selon lui, il ne fallait pas fonder l’État sur la seule religion, mais il ne fallait pas non plus le fonder sur le seul État.»

Autre référence de la déclaration : la Shoah, qui « démontra à nouveau l’urgence de remédier à l’absence d’une patrie juive ». Celle-ci accéléra la création d’Israël, en gestation depuis cinquante ans, dans un double contexte : la perspective de la fin du mandat britannique sur la Palestine et l’errance des quelque 250 000 rescapés des camps originaires d’Europe centrale.

« Contrairement aux juifs de France, de Belgique, des Pays-Bas ou d’Italie revenus dans leur patrie pour y retrouver ceux des leurs qui avaient survécu, les juifs d’Allemagne, de Pologne ou de Hongrie se retrouvaient, pour la plupart, sans famille, écrit ­Denis Charbit, maître de conférences à l’Université ouverte d’Israël. Leur foyer natal était devenu un grand cimetière sous la lune et la résilience passait d’abord par une vie nouvelle en un pays nouveau. » Lire la suite.

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