Les Dokimos



Les galates

NDLR: A l'occasion de la parution du numéro 23 de notre magazine, voici un article en avant-première.


La lettre de Paul aux Galates est la seule épitre dont le début ne contient pas de témoignage d’affection. Paul commence par justifier l’origine de son appel. Le ton est sec, sévère. Les Galates qu’il avait lui-même évangélisés, s’étaient détournés de l’Evangile qu’ils avaient reçu. Non pas qu’ils l’abandonnaient, mais ils y ajoutaient ce qui ne leur avait point été prescrit. Troublés par les enseignements des judaïsants, des juifs convertis à Christ mais qui persistaient toujours dans la pratique de la loi, les Galates reprirent à leur compte leurs pratiques, annihilant ainsi l’œuvre gracieuse de la croix. Comme ce peut être le cas pour certains d’entre nous aujourd’hui, ces chrétiens de la Galatie étaient séduits par l’illusion du salut par les œuvres. Il est intéressant de revenir sur leur histoire afin de mieux comprendre la ferme mise au point que Paul fait dans sa lettre.


En 278 avant Jésus-Christ, la Grande expédition conduisit ce peuple celte, originaire de la Gaule cisalpine, à s’installer sur un haut plateau au Sud de la Mer noire. Réputés ineptes, certainement à cause de leurs manières rustres, leurs femmes étaient pourtant connues pour leur sagesse et leur bonne moralité. Fidèles à leurs maris, leur accoutrement traduisait d’ailleurs les vertus qui étaient les leurs.


Redoutables guerriers, les Galates étaient capables de prendre des villes fortifiées, d’en piller intégralement les habitants et de les asservir. Malgré l’hégémonie de l’empire gréco-romain, ils demeurèrent longtemps fidèles à leur mode de vie tribal, leur langue, leurs us et coutumes. Les diverses communautés composant ce peuple étaient dirigées par des tétrarchies où un chef, un juge et un militaire se partageaient le pouvoir politique.


En 166 av. JC, ils s’emparèrent de la ville de Pessinonte, connue pour son sanctuaire situé sur le mont Ida et dédié à la déesse Cybèle, dont le culte deviendra leur religion principale. En 25 av. JC, l’empereur Auguste créa la Galatie, région à laquelle furent associées notamment une partie de la Phrygie et de la Lycaonie. La culture hellénistique s’imposa alors dans les villes mais les campagnes continuèrent à cultiver les vieilles traditions.


Au Vè siècle, la Galatie était très connue pour ses marchands d’esclaves comme en témoigne cette fameuse phrase de l’empereur Julien (331/332-363) à propos des Goths qui menaçaient ses frontières : « On a qu’à laisser faire les marchands galates, ils se chargeront de vendre de tous côtés ces barbares sur les marchés d’esclaves ».


Au début de notre ère, la société galate était scindée en deux. D’une part, les campagnes où les paysans attachés aux traditions ancestrales, vivaient misérablement, élevaient du bétail et cultivaient les propriétés des riches citadins. D’autre part, les villes où la civilisation helléniste s’était imposée. Celles-ci concentraient surtout l’aristocratie, la bourgeoisie et la classe moyenne dont les enfants allaient à l’école où ils apprenaient la rhétorique et l’art de penser juste.


RELIGIONS ET SUPERSITIONS


Dotés d’un héritage druidique, la superstition faisait partie intégrante de la culture des Galates. Au départ de la Gaulle, ce peuple guerrier rendait culte à Epona, déesse cavalière qui les « accompagnait » lors des guerres. Longtemps fidèles à leurs traditions, ils finirent par embrasser la religion de l’empire délaissant Epona pour Cybèle.OLYMPUS DIGITAL CAMERA


Ainsi, lorsque Paul arriva en Galatie, le culte de Cybèle était dominant. En effet, en 204 av. JC, pour faire face aux assauts guerriers d’Hannibal, Rome envoya chercher à Pessinonte la pierre noire symbolisant la déesse. D’origine phrygienne, la divinité était considérée comme la mère des dieux et faisait l’objet du syncrétisme des religions orientales et hellénistes. Assimilée à Rhéa chez les romains et à Déméter chez les grecs, elle était l’emblème de la fertilité et de la nature sauvage. Souvent représentée d’âge mûr, couronnée de tours, accompagnée de lions, un tambourin à la main, les versions sur l’origine de son mythe divergent. Toutefois, le culte se déroulait toujours de la même façon : *« Le 24 mars, le jour de la fête du sang, les prêtres (appelés les galles) et les néophytes, au son des flutes, des cymbales et des tambourins se livraient à une danse sauvage, se flagellaient jusqu’au sang, s’entaillaient les bras avec des couteaux ; au comble de la frénésie, certains néophytes amputaient leur organe viril et l’offrait en oblation à la déesse. Aux lamentations funèbres de la nuit du 24 au 25 mars succédait brusquement l’explosion de joie lorsque, le matin, on annonçait la résurrection du dieu. Le 27 mars avait lieu la grande procession à la rivière où on baignait la statue de Cybèle». La particularité de ce culte était donc la castration des néophytes qui devenaient ensuite des prêtres de la déesse. A la lumière de ces faits, comment ne pas faire un rapprochement entre les pratiques de ce culte païen et l’aisance avec laquelle les Galates acceptèrent le retour à la circoncision. Non-affranchis de leur culture, ils trouvaient une alternative à leur tiraillement entre le désir de suivre Christ en vivant l’évangile pur et les penchants reliés à leur vieil homme.


Assoiffés de conquêtes et friands de nouveautés, ce tempérament expliquait leur inconstance et la distraction dont ils étaient victimes : ils se laissaient emporter à tout vent de doctrines. Ces Galates, historiquement reconnus comme d’illustres marchands d’esclaves, étaient devenus eux-mêmes esclaves des judaïsants qui les avaient fascinés et ce, malgré la liberté obtenue en Christ. A l’instar de ces chrétiens du premier siècle, nous, chrétiens d’aujourd’hui, sommes poursuivis par notre passé, en lutte avec la crucifixion de la chair et le renoncement à soi. Tentés par la possibilité de mélanger la vie ancienne et la foi en Jésus, nombreux sont ceux qui syncrétisent leurs croyances. Fascinés par le charisme et l’éloquence de loups ravisseurs, bon nombre d’entre nous, démangés par le besoin d’entendre des choses agréables, se livrent à de faux docteurs et abandonnent le véritable évangile pour se tourner vers des fables.


Le mystère de la piété a existé de toute éternité et c’est incessamment que l’homme a cherché à s’expier, à se justifier. Dieu s’entourant de mystères, les hommes se sont bien souvent trompés de quête, de but. Au lieu de chercher Dieu, ils ont cherché à se donner bonne conscience. Or Dieu se révèle à ceux qui le cherchent de tout leur cœur. Les religions à mystère ont essayé depuis la nuit des temps de pallier à cette pensée de l’éternité que Dieu a placée dans l’homme. Le plan de Dieu pour l’humanité est mimé et parodié dans toutes les religions. Il est enseigné aux hommes qu’ils seront justifiés par les œuvres et qu’ils auront accès au mystère une fois parvenus à un certain niveau qui demeure cependant inaccessible. On comprend mieux pourquoi le prophète Samuel assimila la désobéissance à la divination. Celui qui se sacrifie sans obéir au Seigneur est semblable à ces adeptes des religions païennes ; ils veulent plaire à un dieu qui ne vient pas vers eux mais vers lequel ils essaient d’aller par leurs méthodes. Or Jésus-Christ s’est fait chair et a donné l’exemple du sacrifice d’adoration afin de montrer la voie à ceux qui croiraient en lui.


De même que Moïse, type parfait de Christ, n’a pas instauré le judaïsme mais la Loi, Jésus-Christ de Nazareth n’a pas laissé une religion mais une relation. Une relation née de la volonté de Dieu de se réconcilier avec l’homme déchu. Pour cela il a dû payer un prix : la croix. Jésus-Christ, en triomphant des dominations et des puissances des ténèbres, ressuscite l’homme, le rétablit et lui restitue ce qu’il avait perdu. Après la rencontre avec le Roi d’Eternité, on est animé par le souffle du Tout-Puissant et le zèle est le résultat de cette relation. Dieu a fait le premier pas, il veut nous enseigner, nous rééduquer et pour cela nous devons nous soumettre à lui, être sensibles au Saint-Esprit. Malheureusement, nombreux sont ceux qui cherchent à s’approcher de Dieu avec leur propres moyens, acceptant le salut de Jésus mais pas sa seigneurie. Forts de connaissances et de préceptes, certains deviennent même si orgueilleux qu’ils pensent duper Dieu en multipliant les œuvres. Le salut que nous obtenons au moyen de la grâce ne découle d’aucun effort humain, si ce n’est de la foi manifestée en Jésus-Christ. Tout ce qu’on ajoute à la prédication de la croix est anathème.


Source : Les Dokimos 23- Histoire du monde biblique

Pour soutenir cet oeuvre ou vous abonner cliquez ICI.

Téléchargez le hors série spécial évangélisation LA

aucun commentaire
aucun commentaire

Laisse un commentaire

Votre e-mail ne sera pas visible.

  Avertissez-moi des commentaires suivants

Dernières publications