Comment Paul aurait-il pu commencer une lettre adressée aux églises d'aujourd'hui? Peut-être de cette manière : J'ai appris qu'il y avait un orgueil en vous tel que vous en oubliez les principes mêmes de la politesse et que vous bafouez les commandements de Dieu au profit de votre « ministère » et de votre fougue évangélique. Christ-Jésus notre Seigneur et Sauveur, malgré le fait qu'en lui il y avait toute la plénitude de Dieu, n'a jamais regardé les hommes comme inférieurs. Bien au contraire ! Il s'est à plusieurs reprises fait malédiction afin que l’évangile soit annoncé et qu'il apporte à ses auditeurs la vie. Tous types d'hommes et de femmes se sont sentis en confiance auprès de lui et ont compris qu'il était la solution. Jamais il n'a eu un regard condescendent, une attitude hautaine et dédaigneuse vis-à-vis de ces âmes souffrantes parce qu'elles ne maîtrisaient pas l'araméen, qu'elles n'étaient pas israélites ou encore parce que leurs témoignages n'étaient pas « assez puissants ». Christ homme est notre modèle et ce que relatent les Écritures sur son comportement sont autant de leçons que nous devons appliquer dans nos vies. Tel Christ homme était, tels vous devez-être. Tel je me conduis, tel vous devez vous conduire. Tels les hommes et les femmes pieux de votre génération vivent tels vous devriez vivre.

« Au reste, frères, puisque vous avez appris de nous comment vous devez vous conduire et plaire à Dieu, et que c'est là ce que vous faites, nous vous prions et nous vous conjurons au nom du Seigneur Jésus de marcher à cet égard de progrès en progrès. Vous savez, en effet, quels préceptes nous vous avons donnés de la part du Seigneur Jésus. Ce que Dieu veut, c'est votre sanctification; c'est que vous vous absteniez de l'impudicité; c'est que chacun de vous sache posséder son corps dans la sainteté et l'honnêteté, sans vous livrer à une convoitise passionnée, comme font les païens qui ne connaissent pas Dieu » (1 Thessaloniciens 4 : 1-5).

A plusieurs reprises, dans ses épîtres, Paul exhorte les saints des églises à être ses imitateurs comme lui-même l'était de Jésus-Christ. Il ne leur demandait pas de « faire comme lui » mais « d'être comme lui ». Ces deux expressions ne sont pas synonymes, car entre faire et être, il existe une grande différence qui tient en un mot : conviction. « Tout ce qui n'est pas le produit d'une conviction est péché » (Romains 14: 23). Si nous connaissons bien ce verset dans la version Segond, dans d'autres versions, comme celle de Darby ou Ostervald, les traducteurs ont préféré utiliser le mot « foi » au lieu de conviction « Or tout ce qui n'est pas sur le principe de la foi est péché ». D'un seul coup, le verset a une toute autre signification. Ce qui dans la première traduction pouvait passer pour une approche personnelle n'impliquant que sa volonté propre, dans la seconde version les décisions que l'on prend doivent avoir pour fondement la foi. Á nous de savoir comment et où notre foi est bâtie. L'est-elle en un homme ? En un message de prospérité ? Ou dans celui de l'évangile véritable qui consiste en ces deux commandements : « Voici le premier : Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. Voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là » (Marc 12:29-31).

Il est aisé de « faire comme », reproduire, imiter, mimer, singer des gestes et des attitudes afin de faire illusion et ainsi se faire passer pour ce que l'on n'est pas. La nature nous enseigne : nombre d'animaux usent de l'illusion pour tromper leur environnement, c'est ce que l'on appelle communément le camouflage. Cette méthode de dissimulation permet à un organisme visible de passer inaperçu en se fondant dans son environnement. Certains animaux ont cette faculté afin d’échapper aux prédateurs (phasme, lapin des neiges...) alors que pour d'autres c'est le contraire. Le lion, le guépard ou encore l'ours blanc peuvent se fondre dans leur habitat naturel grâce à leur pelage et ainsi s'approcher au plus près de leur proie. Dans tous les cas, seul un œil expert, attentif et avisé saura les débusquer.

Le « faire comme » équivaut à dire un mensonge car cela revient à ne pas montrer de manière consciente sa véritable nature aux autres. Des illusionnistes de la piété se sont glissés parmi les enfants de Dieu. Ils ont l'apparence de la piété mantis en renient ce qui en fait la force: la conviction, la foi, la ferme assurance que Jésus-Christ est Dieu et qu'il s'est fait homme afin de pouvoir délivrer les hommes du joug du diable. Et s'il est si facile pour certains de s’immiscer au milieu des enfants de Dieu, c'est parce que ces derniers ont tendance à se laisser diriger par leurs sentiments, ressentis ou impressions. Ils n'ont pas ou peu de discernement. Ils n'ont pas cet œil spirituel exercé à débusquer les imposteurs. Comme les proies des lions, ce n'est que lorsqu’ ils se sont fait dévorer qu'ils réalisent que la personne qui était proche d'eux n'était pas convertie.

Le verset favori de ceux qui aime « faire comme » est « L'Éternel ne considère pas ce que l'homme considère; l'homme regarde à ce qui frappe les yeux, mais l'Éternel regarde au cœur » (1 Samuel 16:7). Mais si dans ce cœur il n'y trouve pas la foi, la conviction inébranlable en lui sur laquelle la vie d'un enfant de Dieu doit-être basée, qu’adviendra-t-il ? La foi ne consiste pas en la récitation d'un credo comme celui de l’Église catholique « Je crois en un seul Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, de l'univers visible et invisible.

Je crois en un seul Seigneur, Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles ; il est Dieu, né de Dieu, lumière, née de la lumière, vrai Dieu, né du vrai Dieu. Engendré, non pas créé, de même nature que le Père, et par lui tout a été fait. Pour nous les hommes, et pour notre salut, il descendit du ciel ; par l'Esprit-Saint, il a pris chair de la Vierge Marie, et s'est fait homme. Crucifié pour nous sous Ponce Pilate, il souffrit sa passion et fut mis au tombeau. Il ressuscita le troisième jour, conformément aux Écritures, et il monta au ciel ; il est assis à la droite du Père. Il reviendra dans la gloire, pour juger les vivants et les morts; et son règne n'aura pas de fin.
Je crois en l'Esprit Saint, qui est Seigneur et qui donne la vie ; il procède du Père et du fils. Avec le Père et le Fils, il reçoit même adoration et même gloire ; il a parlé par les prophètes.
Je crois en l'Église, une, sainte, catholique et apostolique. Je reconnais un seul baptême pour le pardon des péchés. J'attends la résurrection des morts, et la vie du monde à venir. Amen».

La foi n’est pas pas non-plus le pari du philosophe français Blaise Pascal : « Examinons donc ce point, et disons Dieu est, ou il est pas... Que gagerez-vous?... Il faut parier cela n'est pas volontaire, vous êtes embarqué... Pesons le gain et la perte en prenant croix, que Dieu est.

[…] Vous avez deux choses à perdre : le vrai et le bien, et deux choses à engager : votre raison et votre volonté, votre connaissance et votre béatitude; et votre nature a deux choses à fuir : l'erreur et la misère. Votre raison n'est pas plus blessée, en choisissant l'un que l'autre, puisqu'il faut nécessairement choisir. Voilà un point vidé. Mais votre béatitude ? Pesons le gain et la perte, en prenant croix que Dieu est. Estimons ces deux cas : si vous gagnez, vous gagnez tout; si vous perdez, vous ne perdez rien. Gagez donc qu'il est, sans hésiter ». Nous pourrions traduire grossièrement par : « Bon, je vais croire en l'existence de Dieu, cela ne pourra me rendre que meilleur et au cas où il existe, je ne finirai pas ma vie en Enfer ».

Ce sont les fausses conceptions de ce type qui poussent certains à « faire comme » des chrétiens et non à « être » des chrétiens.

Lorsque Paul exhortait les saints à être ses imitateurs, il ne leur demandait pas de copier sa manière de parler, de chanter, de prêcher, d'imposer les mains ou encore de s'habiller. Il leur conseillait de vivre comme lui vivait. Les conseils qui jalonnent ses lettres ne concernent pas le « ministère » mais la vie de tous les jours. Paul n'a pas formé Timothée à la prédication en lui apprenant des techniques vocales et gestuelles pour captiver les foules. Il lui a appris à marcher de la façon la plus intègre qui soit et ce, en toutes circonstances. Il l’a éduqué non de manière scolaire, donc théorique, mais par l'exemple. Jésus-Christ en a fait de même. Il a enseigné aux apôtres à dire bonjour quand ils arrivaient dans un lieu (Matthieu 10: 12 ; Luc 10 : 5), à être accueillants et serviables avec la foule (Matthieu 19: 13-15), respectueux des autorités (Matthieu 17: 24-28) et bien d'autres choses encore. Donner sa vie à Jésus-Christ consiste à abandonner le monde, pas à tout laisser derrière soi. Quand Dieu ordonna à Abraham « Va-t-en de ton pays, de ta patrie, et de la maison de ton père, dans le pays que je te montrerai » (Genèse 12: 1), il lui demandait d'abandonner tout ce qu'il exècre : l’idolâtrie. Il ne lui a pas demandé d'oublier l'éducation et la formation que son père a pu lui donner : la politesse, le respect, la reconnaissance...

Au travers de notre attitude c'est Jésus-Christ qui doit être glorifié. Il nous utilise comme des lettres qu'il envoie à travers le monde. Chaque personne que nous rencontrons doit pouvoir lire en nous le message de la bonne nouvelle de Christ. Cette présentation ne consiste pas en un matraquage de versets bibliques et de prédictions de l'enfer aux pêcheurs et aux incrédules, mais en l'application de ce que nous prêchons, que ce soit par nos agissements, nos propos ou encore notre attitude. Nous devons montrer aux autres que Dieu est vivant et qu'il transforme les vies. Les hommes ont une certaine représentation de Jésus-Christ et de la religion, certes un peu faussée et tronquée mais pas complètement. Ils connaissent les principes de base des enseignements et des commandements divins. Alors lorsqu'on vient les évangéliser et que dans la minute qui suit on refuse de laisser sa place à une personne âgée dans le train, que l'on tient des propos racistes, sexistes ou encore que l'on se moque du physique d'une personne, nous ne sommes pas une lettre ni un exemple mais des hypocrites, des illusionnistes. « Alors Jésus, parlant à la foule et à ses disciples, dit: Les scribes et les pharisiens sont assis dans la chaire de Moïse. Faites donc et observez tout ce qu'ils vous disent; mais n'agissez pas selon leurs œuvres. Car ils disent, et ne font pas. Ils lient des fardeaux pesants, et les mettent sur les épaules des hommes, mais ils ne veulent pas les remuer du doigt. Ils font toutes leurs actions pour être vus des hommes. Ainsi, ils portent de larges phylactères, et ils ont de longues franges à leurs vêtements; ils aiment la première place dans les festins, et les premiers sièges dans les synagogues; ils aiment à être salués dans les places publiques, et à être appelés par les hommes Rabbi,Rabbi. Mais vous, ne vous faites pas appeler Rabbi; car un seul est votre Maître, et vous êtes tous frères. Et n'appelez personne sur la terre votre père; car un seul est votre Père, celui qui est dans les cieux. Ne vous faites pas appeler directeurs; car un seul est votre Directeur, le Christ. Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Quiconque s'élèvera sera abaissé, et quiconque s'abaissera sera élevé. Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites! parce que vous fermez aux hommes le royaume des cieux; vous n'y entrez pas vous-mêmes, et vous n'y laissez pas entrer ceux qui veulent entrer » (Matthieu 23:1-13).

Pour qu'une personne puisse nous qualifier de chrétien, il faut qu'elle voie en nous Christ. « Ceux qui avaient été dispersés par la persécution survenue à l'occasion d'Étienne allèrent jusqu'en Phénicie, dans l'île de Chypre, et à Antioche, annonçant la parole seulement aux Juifs. Il y eut cependant parmi eux quelques hommes de Chypre et de Cyrène, qui, étant venus à Antioche, s'adressèrent aussi aux Grecs, et leur annoncèrent la bonne nouvelle du Seigneur Jésus. La main du Seigneur était avec eux, et un grand nombre de personnes crurent et se convertirent au Seigneur. Le bruit en parvint aux oreilles des membres de l'Église de Jérusalem, et ils envoyèrent Barnabas jusqu'à Antioche. Lorsqu'il fut arrivé, et qu'il eut vu la grâce de Dieu, il s'en réjouit, et il les exhorta tous à rester d'un cœur ferme attachés au Seigneur. Car c'était un homme de bien, plein d'Esprit Saint et de foi. Et une foule assez nombreuse se joignit au Seigneur. Barnabas se rendit ensuite à Tarse, pour chercher Saul; et, l'ayant trouvé, il l'amena à Antioche. Pendant toute une année, ils se réunirent aux assemblées de l'Église, et ils enseignèrent beaucoup de personnes. Ce fut à Antioche que, pour la première fois, les disciples furent appelés chrétiens » Actes 11 :21-26.

Certes, être comme Christ n'est pas une chose facile et produit souvent des moqueries et des railleries de la part des non convertis, voire des soi-disant convertis. Mais c'est cette vie qui est une source de gain, celui de la vie éternelle (1 Pierre 4: 12-19). Ne faisons plus comme les autres mais soyons comme Christ.

Estelle.

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